Pour une véritable généralisation de l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS) dès le plus jeune âge.

Ce vendredi 18 octobre, Caroline Désir (PS), Ministre de l’Education en Fédération Wallonie-Bruxelles, parlait de l’importance des cours d’EVRAS qu’elle souhaite inscrire plus substantiellement dans les référentiels scolaires.

On les entend déjà de loin, les conservateurs et les pudiques crier que nous voulons apprendre à nos enfants à se masturber ; celles et ceux qui ne veulent pas que l’on parle d’homosexualité dans nos écoles de crainte que des élèves se découvrent gays ou lesbiennes. Les dogmes ont cela de commun, qu’ils mettent des œillères à celles et ceux qui les font leurs.

Les enfants, nourrissent des amourettes dès l’école maternelle ou la crèche et au même âge, ils peuvent être confrontés au harcèlement, à la violence, à des jeux sexuels non-consentis et aux stéréotypes de genre. Et ce n’est pas parce que les enfants ne vous en parlent pas – à vous parents ou professeurs – qu’ils vivent dans une bulle de velours qui flotte délicatement au-dessus du monde réel, des relations aux autres, du marketing, de l’ignorance, des idées-reçues, d’images ou de mots crus.

J’ai deux enfants : un garçon (6 ans) et une fille (4 ans). À la maison, on parle de tout, sans tabou, avec un langage adapté et scientifique. Si on utilise aussi des synonymes enfantins, à la maison, on parle de pénis, de vagins, de vulves et de testicules pour désigner les organes génitaux. À ma grande tristesse, à la maison, ma fille m’a parlé de comment elle avait déjà été touchée par un garçon plus âgé qu’elle, elle m’a parlé de la douleur physique ressentie.

Je travaille dans le secteur des droits et de la santé sexuelle ; je suis informée et souvent je vois comment discuter des questions afférentes avec eux. Reste que chacun son métier et que je ne suis pas animatrice EVRAS. Aussi, il m’arrive d’y aller au feeling. Je fais des erreurs, je m’en rends compte alors j’amende et corrige ce que j’ai dit plus tôt. Même avec un petit bagage, je reste comme tout parent : faillible et souvent dans le doute.

Si pour cette raison, en tant que mère, je veux que mes enfants reçoivent une EVRAS dans le cadre scolaire, je pense aussi qu’elle doit être à la portée de toutes et tous et que son inaccessibilité renforce les inégalités entre les personnes et les probabilités d’évoluer dans une société intolérante.

Cette éducation apprend aux individu-e-s à faire face à des situations affectives et/ou sexuelles ; à ne pas cautionner des comportements inappropriés ; à trouver la force de dire « non, je n’ai pas, ou plus, envie » ou « arrêtes, tu me (lui) fais mal » ; à développer un rapport à l’autre respectueux et à accepter les différences ; elle les informe de leur droits et propose une approche positive de la sexualité, préparant ainsi le terreau d’une vie sexuelle épanouissante une fois en âge. Pour le dire plus brièvement, l’EVRAS permet d’acquérir des compétences psycho-sociales indispensables alors que les questions affectives et la sexualité ont toujours été au cœur des préoccupations des femmes et des hommes.

L’EVRAS n’est pas un cours de biologie. Elle n’apprend pas aux enfants à se masturber. Elle n’éveille pas un désir sexuel coupable enfoui jusqu’alors dans leurs instincts les plus sombres et primaires. L’EVRAS scolaire, animé par des professionnel-le-s propose un langage adapté au stade de développement en répondant aux questions que les enfants (se) posent. Elle est la prévention qui fera des enfants des citoyennes et citoyens respectueux-ses des différences et d’eux/elles-mêmes.

L’EVRAS est l’une des clés de la société post-#Metoo ; et c’est pourquoi elle doit être amenée par des professionnel-le-s formé-e-s.

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